La Chine refuse de réévaluer le yuan

Le dernier sommet Asie-Union Européenne, à Bruxelles, a vu se heurter la volonté du gouvernement chinois et les attentes des pays occidentaux. La faible valeur de la monnaie chinoise est en effet restée au cÅ“ur des débats, bien que la question ne fût pas prévue à l’ordre du jour.

Une guerre des devises latente

Les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas manqué de faire entendre leur insistance sur l’urgence d’une appréciation du yuan. Le Premier Ministre chinois, Wen Jiabao n’est pas de cet avis, il estime en effet qu’il est préférable de maintenir stable les principales monnaies de réserve, incluant donc le dollar, l’euro et le yuan. De son avis, il faut davantage renforcer la coordination macro-économique pour planifier avec prudence la relance économique. " Les grandes nations doivent Å“uvrer ensemble pour la croissance économique mondiale " a-t-il déclaré en ouverture du sommet.

Ces allégations ont alimenté la polémique qui sévit déjà chez les Américains et les Européens. La Chine est, avec d’autres nations émergentes asiatiques, suspectée d’entretenir volontairement la sous-évaluation de ses devises. De cette manière, elle maintient le flot de ses exportations et par la même occasion favorise sa croissance. Aux Etats-Unis, des mesures de riposte envers la Chine sont déjà envisagées par la Chambre des représentants, telles que des droits de douane plus importants pour les pays aux monnaies sous-évaluées. Le ministre des Finances brésilien a littéralement parlé d’une " Guerre des Changes ", une menace pour la reprise économique qui s’annonce pourtant déjà plus difficile que prévue.

Chaque pays Å“uvre pour sa reprise

Les arguments chinois soulignent qu’une telle réévaluation conduirait nombre d’entreprises locales à la faillite. Il faut rappeler que le yuan a récemment été autorisé à fluctuer, devenant ainsi une monnaie plus appréciée que le dollar. Cependant, il est déprécié de 10 % par rapport à l’euro. Les Etats-Unis ont volontairement maintenu leur monnaie faible pour faciliter leur relance économique. L’euro de son côté ne cesse de s’apprécier, atteignant il y a peu les 1,40 dollar, perdant de ce fait en compétitivité internationale.

Cette politique de monnaie faible nuit considérablement à l’économie mondiale, surtout en cette période de reprise encore timide. Par exemple, la baisse permanente du dollar ces dernières années pousse les investisseurs à faire ses placements hors du pays, là où la crise est moins frappante. En conséquence, les nations émergentes ont une monnaie surévaluée. Les Américains attendent des organismes internationaux qu’ils fassent davantage pour " forcer la main " à la Chine. Le Fonds Monétaire International, le FMI devrait notamment aborder la question une nouvelle fois avec le gouvernement chinois, lors de son sommet annuel.