Jugement implacable contre Jérôme Kerviel

En janvier 2008, Jérôme Kerviel, trader à la solde de la Société Générale est accusé par son employeur d’être responsable d’une fraude d’une hauteur de 4,82 milliards d’euros.

Deux années d’enquête

La Société Générale dévoilait lors d’une conférence de presse en 2008 qu’un de ses traders avait engagé des fonds appartenant à son employeur, bien plus que ses limites ne l’y autorisaient. Jérôme Kerviel aurait tenté de garder le secret en glissant des données erronées dans le système informatique de sa banque, qu’il maîtrisait à la perfection. Son procès a commencé en juin 2010. Le motif des poursuites est " faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique ". Le jugement a été rendu début octobre.

Le trader est considéré fautif pour les pertes de la banque, suite à ses prises de positions clandestines s’élevant à 50 milliards d’euros. Le verdict est sévère : Jérôme Kerviel est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation pour lesquels il est poursuivi. Il est condamné à 5 années d’emprisonnement, dont 3 fermes, contre les 4 ans requis par le procureur. Il est également condamné à verser 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts à son ancienne banque. Enfin, il a désormais l’interdiction formelle d’exercer une quelconque activité à financière, même indirectement.

Kerviel seul responsable, la Société Générale blanchie

Le tribunal a statué sur son cas en déclarant qu’il a délibérément franchi les limites de ses attributions professionnelles. Le président de la Cour a ajouté que les tentatives de victimisation perpétrées par Jérôme Kerviel durant les longs mois de la procédure, auprès de l’opinion publique aggravaient son cas. Le " sang-froid permanent " dont il a fait preuve, usant de tous les stratagèmes possibles lorsque ses actions allaient être découvertes ont achevé de le déclarer coupable aux yeux de la Cour.

Olivier Metzner, l’avocat de Jérôme Kerviel basait sa défense sur l’idée que la Société Générale avait laissé agir et même encouragé le trader. Le tribunal a néanmoins conclu qu’aucun élément avancé par la défense ne prouvait l’implication de la banque dans les machinations de son employé, ni même qu’elle eut soupçonné ses manipulations. Bien que Jérôme Kerviel n’ait rien gagné dans ses manÅ“uvres discrètes, son intention était bien de s’attribuer une prime personnelle. L’affaire n’est pas terminée pour autant puisque le trader fera appel de cette décision, comme l’a confirmé son avocat.