Arrêt métier - Apprendre pour prévenir
Les écoles de la deuxième chance sont nées dans le milieu des années
2000 et la région Champagne-Ardenne a été désignée comme pilote
du dispositif.
Finances & Pédagogie est en relation régulière avec ces
écoles. Dominique Claudel, conseiller F&P Lorraine Champagne-
Ardenne, intervient aujourd’hui dans les trois établissements de
l’E2C Sud Ardenne (Rethel, Vouziers et Sedan), auprès de jeunes
ayant de graves diffi cultés.
SUR LE TERRAIN
Public exigeant
Confronté à des diffi cultés de reconversion industrielle et de désindustrialisation,
le département des Ardennes cumule le plus fort taux de
chômage et le plus fort taux d’illettrisme en France métropolitaine. Les
trois établissements de l’E2C Sud Ardenne sont implantés dans des territoires
différents, " ce qui a un impact sur les jeunes ", observe Dominique
Claudel. A Sedan, les jeunes ont entre 16 et 25 ans, viennent
autant de la ville que de la campagne, de familles issues de l’immigration
ou non. " Il y a également quelques jeunes mères célibataires. " La
plupart des élèves ont des diffi cultés d’attention longue. " Il s’agit d’un
public souvent en grande diffi culté, avec des comportements parfois excessifs.
Ces jeunes doivent être encadrés. " La présence d’un éducateur
est indispensable.
Partir du quotidien
Pour répondre aux particularités de ce public, Dominique Claudel a
tenté plusieurs approches, de la méthode " classique " avec des jeux et
des tableaux Powerpoint, à une méthode fondée sur la mise en situation,
au plus près des préoccupations et du quotidien de ces jeunes (" je roule
sans assurance : quelles conséquences ? "). Les questions posées sont
très liées à leur histoire personnelle, bien plus qu’ailleurs.
" Je commence toujours par la banque pour ouvrir les soupapes. Certains
sont particulièrement hostiles à cette institution, parfois très virulents,
mais peuvent devenir des animateurs de la discussion… ". Beaucoup ont
connu le surendettement, le leur ou celui de leurs parents. " Il ne s’agit
pas de tenir un discours moralisateur, mais bien de donner des informations
pratiques. " Le manque de connaissances sur le monde bancaire est
en effet fl agrant. La formation a pour objectif de remettre en question les
préjugés sur la banque, mais également de rassurer ces jeunes, de " leur
donner les moyens de choisir leur vie fi nancière et non de la subir ".
Notre partenaire : Les E2C
Les Ecoles de la 2e chance (E2C) accueillent les jeunes sans qualifi cation
et sans emploi, sans autre critère que leur motivation. Pendant 9 mois
à un an, ces jeunes sont en alternance et ont le statut de stagiaires.
Les stages s’effectuent dans des domaines variés, ce qui leur permet
d’affi ner leur orientation professionnelle. Ils bénéfi cient en outre d’un suivi
individuel et d’un accompagnement global, à la fois éducatif, professionnel
et social. Il existe 82 E2C en France accueillant près de 8 000 jeunes.
– www.reseau-e2c.fr
Questions à Régine Dupond, directrice des écoles de la 2e chance Sud Ardenne
Comment avez-vous connu Finances &
Pédagogie ?
Nous avons ouvert la première école
(Rethel) en janvier 2005. Dominique
Claudel nous a alors contacté pour
nous présenter son offre de formation
à destination des publics jeunes.
Nous avons trouvé cette proposition
intéressante.
Quel est l’intérêt de cette intervention ?
Nous accueillons des jeunes de 16 à
25 ans, sans aucune qualifi cation, qui,
pour certains, ont vécu l’errance. Ils sont
en grande diffi culté fi nancière, parfois
surendettés et ont une mauvaise gestion
de leur budget. Certains sont parents. Il
nous paraissait donc essentiel de leur
donner les bases sur le fonctionnement
d’un compte bancaire, les moyens de
paiement, des clés de gestion budgétaire
qui leur évitent le surendettement. Pour
nous, ces formations participent de la
prévention.
Après l’intervention du conseiller de
F&P, nos intervenants en vie sociale
reprennent ces thématiques et
complètent les informations, mettent
en place des outils qui permettent aux
élèves de réduire leurs charges.
Qu’apporte Finances & Pédagogie ?
Le conseiller de F&P apporte de la
crédibilité par rapport aux jeunes. C’est
le banquier qu’ils voient en lui et c’est
le professionnel qui leur parle. Il a
des réponses que nous ne pourrions
apporter. Faire appel à des intervenants
extérieurs enrichit nos formations.
L’impact est déjà mesurable sur les
jeunes qui viennent nous poser des
questions à l’issue de la formation.
Certains ont même changé de compte
en banque ou entamé des démarches
auprès de leur opérateur téléphonique
pour revoir leur consommation. Ces
formations les amènent vraiment à
réfl échir. Si, en plus, elles peuvent leur
éviter le surendettement…